Le métier de scribe

LE MÉTIER DE SCRIBE ÉTAIT-IL UN MÉTIER INTÉRESSANT ?

Pour les Égyptiens de l’Egypte ancienne, la connaissance (le savoir) était le bien le plus précieux. Le métier de scribe était donc considéré comme le meilleur de tous. Ainsi, le scribe possédait un métier qui était envié et admiré de tous.

Le deuxième intéret de ce métier, pour un Égyptien de l’époque, c’était qu’il évitait les travaux manuels pénibles:

Extrait d’un texte utilisé par les maîtres pour l’instruction des futurs scribes:

« Deviens un scribe. Cela t’évitera de peiner et te préservera de tout type de travail. Cela t’évitera de porter houe et pioche, et tu n’auras donc pas à coltiner (= porter) un panier. Tu n’auras pas besoin de manier la rame et tu t’épargneras toutes sortes d’épreuves.
Quant à tous ceux qui exercent un métier, le scribe en est le premier. C’est le scribe qui établit la taxation de la Haute et de la Basse Égypte ; c’est lui qui reçoit d’eux (les montants dus) ; c’est lui qui tient le compte de tout. Tous les soldats sont dépendants [de lui]. C’est lui qui conduit les fonctionnaires en présence (du roi), plaçant chacun à ses pieds. C’est lui qui commande au pays tout entier, toutes activités étant sous son autorité. »

1- Scribe assis Louvre

QUI POUVAIT DEVENIR SCRIBE ?

L’école des scribes était en théorie ouverte à tous et beaucoup de scribes se glorifient dans leur tombe de leur origine modeste (= que leurs parents n’étaient pas des gens importants: ils s’en vantent car cela démontre qu’ils sont arrivés à devenir eux-mêmes des gens importants sans l’aide de leurs parents) .

Cependant, au début de l’unification de l’Egypte, les scribes provenaient des privilégiés de la Cour (= c’est-à-dire des gens qui vivaient près du Pharaon car ils étaient les rares parmi les Egyptiens à savoir lire et écrire).

Mais le métier peu à peu est devenu accessible à des gens plus modestes.

C’est ainsi qu’une caste de scribes s’était constituée (= c’est-à-dire un groupe important de personnes). On devint alors très souvent scribe de père en fils. Mais pour pouvoir devenir scribe, le fils devait tout d’abord avoir montré ses capacités dans l’école du scribe puis être recruté comme fonctionnaire par le pharaon.
A la fin de leur carrière, les fonctionnaires méritants (= ceux qui avaient bien travaillé pour le pharaon) recevaient des charges lucratives (= qui rapportaient beaucoup) de prêtre dans les grands temples.

QUEL ÉTAIT LE MATÉRIEL DU SCRIBE POUR ÉCRIRE ?

Le scribe voyageait beaucoup, il lui fallait donc du matériel léger. Il lui fallait :

  • un rouleau de paypyrus,

  • un calame (tige de jonc taillée en pointe: comme notre stylo à plume): il plongeait la pointe dans un godet rempli d’encre; écrivait une douzaine de signes, puis replongeait la pointe dans l’encre,

  • une palette (généralement en bois) contenant deux cavités circulaires (= 2 « trous ») pour y placer de l’encre et ayant été creusée pour pouvoir y placer des calames de rechange

  • deux godets remplis d’eau (pour mouiller l’encre très épaisse),

  • deux sortes d’encre qu’il fabriquait lui-même : la noire (très épaisse et très résistante ) servait pour le texte, la rouge pour les titres et débuts de chapitre (il préparait avant ses encres en y ajoutant de la gomme d’acacia, ce qui lui permettait d’en faire des batonnets d’encre qu’il n’avait plus ensuite qu’à diluer dans l’eau)

  • un lissoir pour aplatir les impuretés du papyrus

  • un coupe papyrus permettant de séparer la partie écrite de la partie du rouleau encore vierge (= où il n’y avait rien d’écrit), ceci pour économiser le papier

  • un sceau: c’était en général une véritable oeuvre d’art qui représentait en hiéroglyphes le nom de la personne. Il pouvait être ciselé sur une bague, de forme cylindrique ou plate. Il était en os, bois, pierre précieuse ou argile. Le scribe ayant terminé son travail enroulait le morceau de payrus découpé, y faisait couler un rond de cire et pressait sur ce rond son sceau, le fermant ainsi en indiquant qui l’avait fait. Dans le cas d’une lettre dictée par une personne ayant son propre sceau, le scribe signait la lettre (= pour indiquer qui avait écrit les paroles de la personne) mais c’était la personne ayant dicté la lettre qui y appliquait son sceau (pharaon, vizir, prêtre…)

Le scribe écrivait d’abord à l’intérieur du rouleau puis il le retournait pour poursuivre son texte au verso.

2-matériel du scribe

ici la palette à gauche contenant deux godets (deux trous circulaires que l’on voit mal car les calames les cachent + 2 godets en métal sur une petite planche en bois (le couteau sert à couper le papyrus)

Voici une palette où l’on voit mieux le matériel qu’elle contient:

3-photo palette scribe

godets pour l’eau:

4-godets en basalte

lissoir en bois:

Hauteur. : 6,50 cm. ; Largeur : 2,30 cm

5-lissoir en bois

différents sceaux:

sceaux égyptiens en forme de cylindre

6- sceaux cylindriues égyptiens

bague sceau de la reine Nefertiti (vue de « haut »):

7-bague sceau Nefertiti

Bague sceau du pharaon Horemheb (la partie rectangulaire est normalement dans le sens horizontal, elle a été tournée pour que l’on voie le sceau):

8-bague sceau Horemheb

COMMENT ÉCRIVAIT-ON SCRIBE ET ÉCRIRE EN HIÉROGLYPHES ?

Ce matériel était tellement caractéristique du scribe (on le reconnaissait grâce à ce matériel) qu’en hiéroglyphes, le mot écrire se représente par le dessin de la palette et du rouleau de papyrus fermé , et le mot scribe par simplement la palette, ou la palette et le dessin d’un homme assis :

9- écrire (palette-rouleau) en hiéroglyphes

Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee écrire

10- scribe (palette) en hiéroglyphe

Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeescribe

QUEL ÉTAIT LE MATÉRIEL SCOLAIRE DES ÉLÉVES ?

La « trousse » traditionnelle de l’écolier égyptien était comparable à celle du scribe. Elle était constituée d’une palette et des calames mais ne comprenait pas de papyrus car étant trop coûteux, ne pouvait servir de brouillon.
Pour s’entraîner à écrire, les élèves utilisaient des plaques de calcaire ou sur des tablettes sur lesquelles était fixée une toile enduite de plâtre lisse que l’on pouvait aisément recouvrir par une autre toile une fois l’ancienne écrite.

11-scribes à l'école

Le professeur enseigne, le bâton à la main, et gare à l’élève qui travaille mal car il va recevoir des coups de bâton sur le dos.

Les dictées et les récitations constituaient également des exercices de bases (= qui se faisaient régulièrement).
Les élèves étudiaient les textes de leurs grands écrivains, mais ils devaient aussi

QU’APPRENAIT-ON A L’ÉCOLE DES SCRIBES ?

Les jeunes scribes étaient formés au palais ou dans les différentes administrations civiles, religieuses (les « maisons de vie ») ou militaires.

La formation du jeune scribe commençait vers 5 ou 6 ans, il fallait une dizaine d’années pour apprendre à lire et écrire les hiéroglyphes.
L’apprentissage comprenait d’abord l’acquisition du savoir de base : lire, écrire, compter.
Ensuite, le scribe devait acquérir une culture générale. Il étudiait la géographie, la botanique (= étude des plantes), la zoologie (=étude des animaux) , les éléments du corps humain, des notions de religion, les langues étrangères…
Tout cet apprentissage était fondé sur le par coeur et la recopie incessante des « classiques » (= des histoires les plus célèbres). Ils avaient à leur disposition de véritables manuels scolaires, mais aussi des recueils de modèles de correspondance et des sortes de dictionnaires de mots classés par matière.

Tout d’abord il était enseigné aux jeunes enfants l’écriture hiératique (= voir l’article sur cette écriture) par des exercices de copie. Les écoliers recopiaient donc des ouvrages littéraires classiques afin d’acquérir une orthographe parfaite des mots.

Apprendre les mathématiques: être scribe nécessitait des connaissances en calculs et en géométrie. Car, il était indispensable pour faire un bon scribe de savoir additionner, soustraire, diviser, et multiplier afin de pouvoir évaluer des quantités de céréales, des surfaces et de pouvoir rédiger un devis (= c’es-à-dire faire un rapport chiffré sur ce qu’allait coûté une construction) .

Les étudiants apprenaient également l’arithmétique, les racines carrées, et les carrés de certains nombres.
Ces bases théoriques en mathématiques permettaient ainsi au scribe de calculer des surfaces de champs ou des volumes de bâtiments, pyramides…
De même, il était enseigné aux écoliers la médecine, l’astronomie, l’astrologie dans un but purement utilitaire fixer les calendriers, les dates des fêtes religieuses et aptitude à orienter une construction religieuse selon des astres précis.
Les sciences occupaient donc une place centrale dans l’éducation des jeunes enfants.

LA VIE QUOTIDIENNE D’UN SCRIBE

Le scribe pouvait être envoyé dans des domaine agricoles (= des grandes fermes) afin de contrôler les récoltes, d’établir des plans détaillés des domaines, il pouvait aussi établir des contrats de mariage ou servir de secrétaire à des prêtres ou à des hauts dignitaires.

12-scribe enregistrant les récoltes

Scribes à gauche et à droite enregistrant la quantité de grains de la récolte (tas de droite) : les travailleurs au centre remplissent des récipients à gauche et les vident à droite, les scribes comptent le nombre de récipients remplis (ils vérifieront ensuite entre eux s’ils ont trouvé la même quantité) en général, contrairement à ce qui est représenté sur cette peinture provenant d’une tombe, les scribes étaient deux pour compter, l’un était le scribe du « propriétaire », l’autre était le scribe envoyé par le gouvernement) .

Les scribe recevait son salaire sous forme de pain, de poissons, de bière, de vêtements, le tout tiré des greniers royaux (= en Egypte ancienne, la monnaie n’existait pas vraiment; les gens payaient leurs impôts en donnant une partie de leur production (blé, poisson, vin,etc. ) et les fonctionnaires recevaient pour leur travail une partie de cela ) .

Comme ils ne produisaient rien eux-mêmes, ils ne payaient pas d’impôts. Ils étaient aussi dispensés des travaux imposés par le roi aux paysans et aux artisans (= comme par exemple construire sa pyramide) .
Ces fonctionnaires (= personnes travaillant pour l’Etat, c’est-à-dire pour le pharaon) exerçaient un contrôle minutieux sur le bétail, sur les récoltes et sur la production des artisans (= ils vérifiaient tout soigneusement pour contrôler que les gens payaient la totalité de leurs impôts) .

Les scribes pouvaient faire donner des coups de bâton à ceux qui tentaient de tricher ou qui ne pouvaient pas payer l’impôt. Ils étaient donc craints et peu aimés du peuple.

13-paysans coups de bâton

LES SCRIBES ÉTAIENT-ILS TOUS ÉGAUX ?

Pas du tout. Les débutants les moins doués se retrouvaient dans de simples villages comme simples écrivains publics (= les gens les payaient pour écrire des « lettres »), les plus intelligents et les plus doués ‘= ceux qui pouvaient facilement lire les hiéroglyphes et parlaient plusieurs langues) pouvaient , au bout d’une longue carrière, travailler dans le « gouvernement » du pharaon ou devenir scribe royal (= scribe attaché au roi qui note ses décisions et écrit sa vie).

14-scribe notant les présents

Ici, un scribe de la Cour note tous les présents apportés par les responsables d’un peuple soumis au pharaon : tous les pays qui avaient été conquis par le pharaon devaient chaque année apporter un « tribut », c’est-à-dire des choses précieuses de leur pays qu’ils donnaient au pharaon (à l’arrière-plan, des Nubiens apportant des défenses d’élephants, des fourrures de léopard, etc. Et au premier plan un peuple habitant près de la Syrie offrant des objets en or).

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